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Elyme Gilbert : Il faut rêver! On verra après.
Rédaction
Nathalie Le Coz, partage avec nous ses rencontres avec des Bas-Laurentiens qui ont tracé leur propre chemin.
Ça donne le ton. S’il fallait résumer qui est ce grand bonhomme dans la jeune quarantaine, d’une gentillesse peu commune, ces quelques mots feraient sans doute l’affaire.
Le cirque
Qui aurait eu l’audace d’établir un cirque à la Pointe-Sèche, entre deux villages, coincé entre une paroi rocheuse et une route, face à une batture fréquentée surtout par les moustiques?
L’endroit est magnifique, certes. Mais, il fallait du génie pour créer là un espace de scène propice aux prestations d’une dizaine d’acrobates, et le recul nécessaire à 300 spectateurs. Tout ça sans détourner la 132!
L’idée de monter des gradins dans des conteneurs maritimes usagés a émergé de son ancienne vie. Auparavant à l’emploi du Cirque du Soleil, Elyme en charriait une soixantaine par mois … Il a joué avec des plans pendant des jours. Superposés sur trois étages, ouverts vers la falaise où seraient installés des points d’ancrage dans la roche pour les numéros aériens, les angles de vue seraient excellents pour le public. Montés sur des pieux, sans fondations, cette construction ne se heurtait à aucune réglementation municipale. Et n’évoquent-elle pas l’errance propre au monde forain?
Les circassiens
« Dis-moi tes idées, je vais te dire si ça se peut. » Metteur en scène et chorégraphe ont le champ libre. Enfin, presque. L’équipe s’entend au préalable sur les grandes lignes de ce qu’on a envie de voir. On n’insiste pas sur la trame touchante, clownesque. Il peut y avoir des moments loufoques, mais ce sont les numéros d’acrobatie qui priment. Le public en ressort heureux.
Les artistes, eux, viennent d’un peu partout. Selon les disciplines, comme le trampo-mur ou la balançoire russe, ils changent ou non chaque année. Souvent en couples, dans la trentaine, ils s’installent en famille à la Pointe-Sèche pour tout l’été. Il en vient aussi d’ailleurs : Pologne, Costa Rica, Californie, Vancouver… Les gens du cirque aiment les expériences singulières ….
Rebond, un centre multidisciplinaire
L’église de Saint-Germain-de-Kamouraska, désertée par le culte, a été donnée au Cirque de la Pointe-Sèche pour y installer une école de cirque. Elyme et Stéphanie Friesinger, sa conjointe, se sont entourés de gens motivés et compétents pour en faire la gestion.
Les formules sont multiples. Ouvert au grand public, des individus ou des groupes accèdent au centre avec une passe annuelle ou mensuelle. En parallèle, dans l’ancienne sacristie, le Sacré Atelier, Espace céramique, accueille une cinquantaine d’élèves par session et offre des ateliers libres.
Les gens proviennent des municipalités de partout au Kamouraska, et même de Rivière-du-Loup. Tout indique que ces projets redonnent vie au village de Saint-Germain-de-Kamouraska et aide même certaines personnes à sortir de l’isolement. Reste à développer des camps de jours, des programmes scolaires, des résidences d’artistes, des concours d’escalade, etc.
Les Perchoirs
Autre projet! Mené plus spécifiquement par Stéphanie, il s’agit de petites habitations atypiques pensées comme des bulles accrochées aux parois. Elles donnent accès à des endroits et des vues féériques. On s’y rend par la forêt, sans passer par un quelconque guichet d’accueil.
Le Manoir Rankin
Dans la région, tout le monde a vu avec tristesse l’élégant manoir seigneurial construit en 1835 être abandonné, squatté, se détériorer. L’entreprise de rénovation paraissait impossible. À tout le moins titanesque. Elyme, qui en a fait l’acquisition, s’y est attaqué en apprenant sur le tas. Avec le sauvetage de ce fleuron, il a gagné la faveur de tous, incluant la municipalité et la MRC qui ont vu d’un bon œil son projet un peu fou de cirque.
L’intégration s’est faite toute seule. Il faut dire que le milieu kamouraskois était effervescent lorsqu’il est arrivé. Il y a trouvé d’autres rêveurs qui ont bâti des entreprises à partir de rien. Ils sont devenus ses amis.
La vie professionnelle
À 18 ans, Elyme faisait le son et l’éclairage sur des shows de musique rock. Puis, il est passé au Cirque Éloise comme gréeur. Il a poursuivi ce métier dix ans au Cirque du Soleil. Après avoir dormi dans des chambres d’hôtel autour du monde, il a déposé sa valise à la Pointe-Sèche. Pendant cinq ans, il a refait des toits de tôle à l’ancienne aux côtés de Jérémie Guay-Chenard, sous le nom de Bâtis’art. S’il savait déjà mener une équipe d’une vingtaine de personnes, c’est là qu’il a développé sa fibre entrepreneuriale.
Pour vivre dans ce paradis terrestre qu’est le domaine de la Pointe-Sèche, il a quand même tout misé. Il est fier d’avoir osé rêver. Et reconnaissant que ça ait marché! Quand il doute, il prend sa ’’psy’’ mécanique et va faire son bois de chauffage derrière chez lui.
Cirque de la Pointe-Sèche
94, route 132,
Saint-Germain-de-Kamouraska,
Québec G0L 3G0
T. 5818010036
Les Perchoirs du Cirque
94, route 132,
Saint-Germain-de-Kamouraska,
Québec G0L 3G0
T. 581 801-0036
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